Damon Motorcycles : un avenir suspendu au rachat de son partenaire ?

Lucie
Ecrit par Lucie

Lucie est une véritable passionnée d’automobile. Toujours à l’affût des dernières tendances, elle aime partager son expertise.

L’histoire de Damon Motorcycles s’apparente à un feuilleton à rebondissements. La start-up canadienne, qui a fait rêver de nombreux motards avec ses promesses de motos électriques avant-gardistes comme l’HyperSport et l’HyperFighter, traverse une période pour le moins agitée. Entre licenciements, changements de stratégie et procès, la route est semée d’embûches.

Pourtant, la marque semblait enfin voir le bout du tunnel en confiant la reconstruction de son prototype à un partenaire de renom. Mais un nouveau virage inattendu vient de se présenter : cette ingénierie de pointe vient d’être rachetée.

Alors, ce rachat est-il une chance ou un coup d’arrêt pour Damon ? C’est ce que nous allons analyser.

Le parcours semé d’embûches de Damon Motorcycles

Pour bien comprendre les enjeux actuels, il faut se souvenir des origines de Damon. La marque a fait une entrée fracassante sur la scène de la moto électrique avec des concepts novateurs, une technologie avancée et un design futuriste. Cependant, derrière les promesses, la réalité industrielle s’est avérée bien plus complexe.

Les promesses d’une moto électrique disruptive

À ses débuts, Damon avait tout pour séduire. Des machines comme l’HyperSport affichaient des performances de premier ordre, couplées à des technologies de sécurité uniques comme le système CoPilot, qui utilise des capteurs et des caméras pour alerter le pilote des dangers. Le design était audacieux, l’ambition palpable, et les précommandes affluaient.

La marque incarnait une vision excitante de l’avenir de la moto, un futur à la fois plus sûr et plus performant.

La dure réalité de l’industrialisation

Malheureusement, le passage du rêve à la production en série a été brutal. Damon a connu une véritable tempête interne ces dernières années. Des vagues de licenciements ont touché les équipes, plusieurs cadres dirigeants ont quitté le navire et l’entreprise a dû faire face à des poursuites judiciaires.

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La question du lieu de fabrication des motos est restée en suspens, créant une incertitude pesante pour les clients et les investisseurs. Face à ces difficultés, l’entreprise a dû faire un choix difficile mais nécessaire : repartir d’une feuille presque blanche.

Le pari de la reconstruction avec Engines Engineering

Pour mener à bien ce nouveau départ, Damon a fait appel à une pointure du secteur : la société italienne Engines Engineering. Connue pour son expertise et son savoir-faire, elle a été chargée de transformer les concepts numériques de la nouvelle HyperSport Race (HSR) en un prototype physique et fonctionnel. Un pas de géant pour Damon, comme le soulignait récemment son PDG, Dom Kwong, en annonçant que la phase de modélisation en argile était terminée avec succès.

Ce partenariat représentait une lueur d’espoir, la garantie que le projet était de nouveau sur les rails et entre de bonnes mains.

TVS Motor Company entre en jeu : un rachat qui rebat les cartes

C’est là que l’histoire prend un tournant inattendu. Alors que la collaboration entre Damon et Engines Engineering bat son plein, un acteur majeur de l’industrie vient de s’offrir le motoriste italien. Il s’agit de TVS Motor Company, un géant indien aux ambitions mondiales.

Qui est TVS, ce géant indien de la moto ?

TVS n’est pas un acteur anodin. Troisième plus grand fabricant de motos en Inde, l’entreprise a une envergure internationale. Elle est notamment connue pour son partenariat avec BMW, pour qui elle produit la série des G310.

Plus récemment, TVS a fait la une en rachetant la marque britannique emblématique Norton, la sauvant ainsi de la faillite et investissant massivement pour relancer sa production. L’arrivée de TVS dans l’équation change donc complètement la dynamique.

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L’acquisition d’Engines Engineering : une stratégie affichée

Pour un peu plus de 5 millions d’euros, TVS a pris le contrôle total d’Engines Engineering. L’objectif affiché est clair : faire de ce pôle d’ingénierie basé à Bologne un centre d’excellence mondial. TVS souhaite combiner la créativité italienne avec sa propre puissance d’ingénierie pour développer des véhicules électriques, connectés et premium.

Une ambition louable, mais qui soulève une question importante.

Un agenda qui semble déjà bien rempli pour TVS

Dans ses déclarations officielles, le président de TVS, Sudarshan Venu, a été très clair sur ses priorités. Il a explicitement mentionné que ce rachat visait à « renforcer les capacités de Norton » pour lui permettre de développer des motos d’exception et « d’élever ses ambitions futures« . Une excellente nouvelle pour Norton, sans aucun doute.

En revanche, pas un mot sur Damon ou les autres projets en cours chez Engines Engineering. Ce silence est assourdissant et laisse planer le doute sur le sort réservé aux clients externes du motoriste italien.

Quel avenir pour la Damon HyperSport Race ?

Face à cette nouvelle configuration, l’avenir du projet le plus important de Damon est en suspens. L’entreprise canadienne se retrouve dépendante d’un partenaire dont le nouveau propriétaire a des priorités qui, sur le papier, ne l’incluent pas.

Le prototype est-il menacé ?

Alors, faut-il s’inquiéter ? La plus grande crainte est que TVS décide de dédier l’ensemble des ressources d’Engines Engineering à ses propres marques, en particulier Norton. Dans ce scénario, le projet de Damon pourrait être ralenti, voire mis de côté.

La construction d’un prototype fonctionnel est une étape complexe qui demande un engagement total. Si cet engagement est dilué, les délais pourraient ne pas être tenus, portant un coup potentiellement fatal aux espoirs de Damon.

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Un calendrier optimiste malgré tout

Du côté de Damon, on affiche pourtant une confiance inébranlable. L’entreprise maintient son objectif de présenter un prototype roulant, un « Engineering Test Vehicle« , dès le mois de novembre prochain. Cette date ne doit rien au hasard : elle coïncide parfaitement avec le grand salon de la moto EICMA à Milan, la vitrine idéale pour un retour en force.

Le PDG, Dom Kwong, continue de parler de « façonner l’avenir de la mobilité« , affirmant que le projet est sur la bonne voie.

Dépendance et opportunité : une équation complexe

La situation est donc paradoxale. D’un côté, le risque de voir son projet relégué au second plan est bien réel. De l’autre, cette acquisition pourrait indirectement être une opportunité.

Faire partie de l’écosystème d’un géant comme TVS pourrait, à terme, ouvrir des portes en matière de chaîne d’approvisionnement et de capacités de production, les deux faiblesses historiques de Damon. Tout dépendra de la stratégie que TVS décidera d’adopter pour sa nouvelle filiale.

Damon Motorcycles se trouve à la croisée des chemins. Le redémarrage de son projet phare est désormais lié au bon vouloir d’un nouveau géant de l’industrie dont les intentions restent floues. Les prochains mois seront décisifs.

L’échéance de novembre et la présentation potentielle du prototype à l’EICMA serviront de véritable test. Nous saurons alors si le rachat d’Engines Engineering par TVS était un obstacle imprévu ou un coup de pouce du destin.

Pensez-vous que Damon parviendra à naviguer dans ces eaux troubles et à enfin livrer sa moto électrique tant attendue ? L’avenir nous le dira bien assez vite.

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