Si vous suivez un peu l’univers des sports motorisés, le nom BRP ne devrait pas vous être inconnu. Propriétaire de marques emblématiques comme Can-Am, Ski-Doo et Sea-Doo, le groupe québécois se prépare à un tournant majeur : après 36 ans dans l’entreprise, dont 22 à la tête, José Boisjoli a annoncé son départ.
Cette nouvelle secoue un secteur en pleine transformation, confronté à l’inflation, aux tensions commerciales et aux évolutions des comportements. Découvrons ensemble les implications de ce changement pour les passionnés et les professionnels. Curieux de l’avenir de BRP et de vos engins favoris ? Voici les éléments clés ????
Le parcours de José Boisjoli : un leader discret et visionnaire
Un leadership axé sur l’innovation et la croissance
Il est difficile de résumer l’histoire de José Boisjoli sans souligner son rôle majeur dans la construction du BRP actuel. Arrivé en 1988, il a gravi les échelons avant de devenir directeur général en 2003.
Ce n’est pas un hasard : sous son impulsion, BRP a multiplié les innovations en lançant de nouveaux modèles chez Can-Am (comme le Spyder), en relançant Ski-Doo, et en élargissant les gammes Sea-Doo.
BRP s’est affranchi de l’ombre de Bombardier grâce au spin-off de l’activité aéronautique tout en conduisant une stratégie d’expansion internationale.
Une approche humaine au service des résultats
Ce qui distingue essentiellement José Boisjoli, c’est sa capacité à fédérer. Les témoignages internes évoquent un dirigeant à l’écoute, proche du terrain et doté d’une vision claire.
Il a résisté aux appels des délocalisations massives, privilégiant le renforcement des sites en Amérique du Nord, tout en s’appuyant sur une culture d’innovation ouverte.
Même les concurrents reconnaissent son influence : il a élevé les standards du secteur et poussé l’accélération sur les technologies, notamment l’électrification et la connectivité.
BRP en 2024 : atouts et défis dans un marché en évolution
Des performances solides malgré un contexte difficile
BRP affiche une bonne santé : 2023 s’est clôturé avec un chiffre d’affaires supérieur à 9,3 milliards d’euros et des parts de marché enviées dans la motoneige, le quad et les véhicules nautiques. Toutefois, certains signes montrent des ajustements.
Après le pic post-pandémie, où la demande a explosé, une légère baisse s’observe. Le marché se tasse sous l’effet d’une inflation persistante qui affecte la capacité et la volonté d’achat des consommateurs.
Des tensions commerciales qui pèsent sur les marges
Le ralentissement s’explique aussi par la montée des barrières douanières entre l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie.
Ces droits de douane réduisent les marges, impactent les prix et freinent les décisions d’achat, notamment pour les produits haut de gamme.
- Plus d’un tiers des intentions d’achat en 2024 ont été reportées à cause de ces incertitudes.
- Les leaders comme BRP doivent adapter leur modèle rapidement.
Stratégies révisées : recentrage et cession d’actifs
Sortie partielle du secteur nautique
Un tournant notable en 2024 : la vente de deux marques de bateaux sur trois et la sortie progressive du secteur nautique. Cette opération vise un recentrage sur les segments historiques :
- motoneiges
- quads
- véhicules récréatifs
Cette orientation reflète une stratégie logique : le secteur des bateaux subit des marges plus faibles et une concurrence intense.
BRP capitalise sur son savoir-faire reconnu dans les sports motorisés terrestres.
Une vision appréciée par le conseil d’administration
Le conseil d’administration valorise ce choix stratégique. Selon ses membres, José Boisjoli a “créé une valeur exceptionnelle pour les actionnaires” tout en protégeant les emplois et les sites au Canada.
Cette orientation pourrait permettre d’accélérer la modernisation de la gamme Can-Am — notamment électrique — et de renforcer le leadership de BRP sur ses marchés.
Perspectives pour BRP : succession et défis à relever
Un recrutement décisif dans un contexte tendu
Le choix du prochain PDG orientera substantiellement l’évolution de BRP dans les années à venir. Les analystes estiment que le profil attendu associera :
- une solide expertise industrielle
- une maitrise fine de la distribution internationale
- une habileté à évoluer dans un contexte économique incertain
Des cas récents chez des acteurs comme Harley-Davidson ou Polaris illustrent les complexités liées à la transition managériale, surtout dans l’intégration du digital, l’électrification et une expérience client premium.
Un relais organisé et une continuité préservée
BRP dispose d’un plan de succession structuré. Une équipe dirigeante expérimentée assure la continuité des opérations durant cette période de transition, garantissant ainsi une stabilité indispensable pour l’avenir.
Prochaines étapes : enjeux et possibilités pour la firme
Sans certitude absolue, il faut prévoir que le nouveau dirigeant devra gérer :
- la baisse de la demande sur les marchés occidentaux
- la montée en puissance de l’électrique
- la volatilité des relations géopolitiques
BRP doit continuer à investir dans l’innovation écologique, renforcer ses réseaux en Amérique du Nord et en Europe, et accélérer la digitalisation de l’expérience client.
L’histoire récente du groupe montre sa capacité à s’adapter et à évoluer.
L’arrivée d’un nouveau capitaine à la tête de BRP dépasse le simple changement de direction. Elle annonce un virage stratégique pour l’un des derniers bastions des sports motorisés “made in Québec”. Une période à suivre de très près…